Une dernière nuit

Que dirais-tu de prendre quelques minutes pour contempler cette tour, qui abrite à la fois des adultes et des enfants ? La ville qui l’entoure s’illumine de mille feux la nuit, créant une ambiance presque semblable à un circuit électronique le jour. Les personnes défilent de manière ordonnée, deux par deux, exécutant des pas synchronisés, créant une harmonie presque symphonique. Prends le temps de te pencher, en tentant de discerner quelques visages parmi la foule qui se déplace si rapidement qu’il est difficile de les observer en détail. C’est notre monde, celui qu’on aime ou qu’on déteste, mais c’est le nôtre.

Au-delà, dans les quartiers bas de la ville, se dessinent quelques saltimbanques, prêts à tout pour capturer une étincelle de chaleur. La lueur nocturne exerce le pouvoir d’apaiser nos cœurs, mais uniquement si nous sommes enveloppés de cette chaleur bienfaisante. C’est alors que je tire légèrement la couverture sur moi, cherchant à me réchauffer. Prendre le temps de saisir ce qui se déroule autour de nous devient comme l’observation de sa muse par un artiste. Mais la question persistante, souvent mal interprétée, demeure : pourquoi sommes-nous si différents des autres ? À quel moment embrassons-nous cette danse infernale, fuyant nos jours dans ce mécanisme si parfaitement huilé ? Sommes-nous réellement libre de choisir entre la chaleur du soir ou la froideur de la nuit ? Choisir entre ce bout de pain ou la douleur du vide ? Je pense que le choix ne nous appartient plus et pourtant, nous devons en subir ses conséquences.

« Nous avons de la chance ce soir », me dis-je, observant les étoiles s’allumer dans un ciel d’une illuminante clarté. Et pourtant, je me retrouve toujours plongé dans la chaleur artificielle d’un fond de flacon de vin. Aurai-je encore la chance demain de contempler le ciel ? Peu importe, je me ressers ce vin froid qui me réchauffe. Mon esprit s’élève vers ces étoiles qui s’éteignent peu à peu.

Nous, poussières de corps céleste, vous contemplons belles étoiles, mais sommes-nous ne serait-ce que d’une infime importance pour vous ? La nuit semble s’estomper alors que quelques rayons caressent mon visage. Je n’aurai plus à choisir entre le feu et la glace, car j’ai choisi la beauté de cette dernière nuit comme la plus belle des éternités.

 

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