Hier encore

La nuit tombe et les marches épousent ses pieds, jusque dans ce couloir sombre de silence. Une bougie à la main pour mieux s’éclairer, nous sommes chez nous, pourtant les lieux sont étranges. Et des larmes coulent, tâchant son vêtement sous le bruit de ses pas qui font craquer le sol. C’est ce bois qui, si vieux, s’effrite, ce bois que j’ai tranché de mes mains. Un récipient rempli d’eau sur une table non loin de la draperie blanche déposée sur le lit. Ce lit, bien trop grand, ne compte qu’une paire de mains, hier encore, elles étaient quatre. Elle souffle sur la flamme comme pour tout éteindre, la chaleur de nos corps désormais est absente. Hier encore, je regardais l’ondulation de l’astre, ton corps drapé de blanc qui épousait mes mains.

Des gémissements, tout à coup, me firent froid dans le dos, comme si toutes ses peines me touchaient en plein cœur. Et pourtant, le mécanisme divin, qui fut un jour mon foyer, se retrouve perpendiculaire à la pierre. Je m’approche un peu, respirant son soupir pour rêver encore à ne faire plus qu’un. Je la regarde partir dans des rêves inhumains, ayant comme songe de la retenir. La lumière du ciel passe par la fenêtre, si forte que la maison s’emplissait de sa présence, pourtant la nuit, la seule qui nous connaissait, hier encore, elle nous paraissait fête. C’est avec grand regret que je ne puis partir, loin de tous ces souvenirs, qui me font froid dans le dos. Elle se retourne et j’aspire à ce qu’elle me regarde de ses yeux rouges sang loin de son vague à l’âme.

Le temps passe et je n’accepte pas cette distance, si proche et pourtant si lointaine. Qui ne dit mots consent, mais je ne consens à rien, dans cette tourmente au-delà de la fin. Il est tard me dis-je, mais que puis-je bien faire, à part rester là pour la regarder, quelques gouttes de ce poison dans mon verre, hier encore, je ne comprenais pas à quel point je l’aimais.

 

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